Tshikapa, 7 avril 2025 – Un appel à la réflexion et à la prise de conscience collective a été lancé par Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu, figures influentes de la communauté Kété, qui ont récemment exprimé leurs préoccupations concernant la situation des Ketes, notamment sur le plan de l'unité et de l'identité culturelle. Dans leurs déclarations, ils ont souligné l'importance de la cohésion interne des Ketes et ont abordé une page sombre de l’histoire, marquée par les annexions imposées par les autorités coloniales.
Les Ketes Divisés : Une Histoire de Fragmentation
Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu ont mis en lumière le passé douloureux des Ketes du nord et du sud du Kasaï, qui ont été contraints à vivre sous des autorités coutumières externes, faute de cohésion interne pour choisir un chef coutumier propre aux Ketes. Selon leux, les Ketes du nord ont été annexés sous l’autorité traditionnelle du Nyimi Bushong, tandis que ceux du sud ont été placés sous l'autorité des Ba Pemba et des Baluba. Ces divisions ont été imposées de manière autoritaire par les colonisateurs belges, qui ont cherché à diviser pour mieux régner.
Trois Critères Fondamentaux de l’Unité Kete

Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu se sont référés au discours du NGBANDA qui a évoqué trois critères essentiels qui ont été considérées par la Belgique avant de reconnaitre une tribue, chose que le peuple Kete manquait la cohésion pour choisire un chef commun :
1. Une chefferie : Avoir une autorité coutumière commune, un chef propre à la communauté Kete.
2. Une terre : Les Ketes étaient les premiers occupants du Kasaï, une région qui est leur terre d’origine.
3. Une langue commune : La langue est un élément clé de l'identité d'un peuple, et les Ketes possédaient leur propre langue, distincte de celles des autres tribus.
La Problématique de l’Annexion par les Autres Tribus
Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu ont également souligné l’existence de documents historiques qui démontrent que les Kuba et les Kete sont deux tribus distinctes. De même, ils ont rappelé que les Bapemba et les Baluba ne faisaient pas partie de la même tribu que les Ketes. Toutefois, en raison de l’absence d’un chef coutumier Kete reconnu, les Ketes ont été annexés de force par les autorités des autres tribus, notamment les Bakuba, les Bapemba et les Baluba.
Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu ont insisté sur le fait que cette annexion ne signifiait pas que les Ketes étaient des sujets des autres tribus, mais plutôt une démarche du pouvoir colonial belge, qui cherchait à contrôler toutes les tribus par le biais de leurs représentants coutumiers choisis.
L’Appel à l’Unité et à la Reconnaissance des Ketes
Aujourd’hui, dans un État unitaire, Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu appellent les Ketes à se rassembler et à travailler à la reconnaissance de leur identité propre. Selon eux, les Ketes doivent dépasser les divisions historiques et se doter d'une chefferie forte et indépendante qui les représente, pour qu’ils puissent jouer un rôle important dans la gouvernance et l’évolution de leur région.
Une Réflexion sur l’Histoire et l’Unité Nationale
L'appel de Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu met en lumière la nécessité de redéfinir les relations entre les différentes communautés du Kasaï. Ils interrogent également la question de l'existence des royaumes traditionnels dans un État moderne, dirigé par un président élu et non par un roi, dans un pays qui a cessé d’être un royaume depuis l’indépendance. Cette réflexion invite à un renouvellement du dialogue entre les peuples du Kasaï pour une meilleure unité et inclusion dans le cadre de la nation congolaise.
L'appel de Kansel a Nday et Rev. Charles Kahumbu aux Ketes, aussi à toutes les communautés du Kasaï, est un message fort pour l'unité et la reconnaissance des droits et de l'identité des Ketes. Ils incitent à dépasser les divisions historiques et à bâtir une communauté solidaire et résiliente, capable de défendre ses intérêts tout en contribuant à la construction d'un Congo fort et uni.
Sarah Kabadi/ Tshikapa
